Kes Kiels Foutent à la Ciotat.
Avec L.G., les dessins comme le poème ne sont jamais seuls. Les lignes et les voix les traversent ensemble. Pour ce festival d’écritures contemporaines « Tournez la plage », Liliane Giraudon a déroulé des pages de ses carnets et quelques-uns de ses rouleaux.
Le temps d’un accrochage, la lecture s’invite et s’affiche en déployant le rouge et le noir, toujours. Son « écriredessiner » habite l’espace avec une autre forme d’invitation à la lecture. Pas celle d’un soir, mais celle du temps d’un accrochage. Exposition d’une expérience de lecture qui engage chacune et chacun à faire la moitié du chemin pour que le poème puisse encore exister, résister. Les textes ne sont pas lus à voix haute, ils sont placardés, adressés, déroulés. Pas de tableaux d’une exposition, mais l’acte de lecture et d’écriture en soi. La lecture comme méthode, comme chemin accidenté. C’est plus qu’une lecture de poésie, c’est une mise en commun, une adresse, une altercation. Un chantier, une polyphonie.
En seulement 5 pages de carnets agrandies sur des rouleaux Aquapaper, la matrice d’écriture est exposée, les voix s’entrelacent et s’entrechoquent. La liste déploie ses griffes, sans 21. Mallarmé, S.M est inassimilable. « Matrice d’écriture », « Poème rose blindée ».
En vitrine, une liste d’insultes déroulées à la vue de tout.es, l’exposition des passantes dans l’espace public : liste rouge et noire. Vitrine, régime d’exposition, ère du spectacle, les fantômes de Benjamin, de Debord, font partie du montage. L’univers s’y dit sans parole universitaire, les voix poétiques sont hic et hoc. En chantier à la Ciotat.
Pendant que Leslie Kaplan, vient de publier son dernier livre L’Assassin du dimanche, traversé par les féminicides, Liliane Giraudon, livre en vrac à la Ciotat, quelques rouleaux et pages qui ne sont plus à tourner mais à aimer comme divagations et apparitions.
Divaguer avec Mallarmé, Rimbaud, Gombrowicz
Danser avec Graham et Niedecker
Faire son cinéma, avec Godard et Straub
Se souvenir de Larronde à la Ciotat, de Mallarmé à Bandol, et d’un cimetière partagé…
« Par exemple, menteur, saigne
Ta langue, et rougie comme l’eau
Cette joue voisine du feu.
Un mensonge nous colore
(…)
J’efface tout et je signe
(Profitant du doigt qui saigne)
Sur un arbre des dimanches » Le sonnet du menteur. Olivier Larronde
Sous les olives pâmées
Passer en revue, tous les signes de la page, ses fantômes, qu’on danse, rie !
Etre artiste, être trans, être poète. Eden à la Ciotat.
Cécile Marie-Castanet
Dr en philosophie, critique d’art et commissaire d’exposition, C. Marie-Castanet prépare une exposition de l’œuvre de Liliane Giraudon au Centre International de Poésie Marseille pour 2025.